La discovery produit est une pratique cruciale dans la création de produits digitaux et data. Elle conditionne les décisions futures et assure que le produit réponde bien aux besoins des utilisateurs tout en s’alignant avec les objectifs de l’entreprise. Pourtant malgré son rôle stratégique, la discovery est souvent sous-estimée, voire ignorée par les équipes. Cette négligence s’explique en grande partie par la complexité inhérente à la discovery, qui nécessite de jongler avec des intérêts parfois divergents tout en arbitrant entre les attentes des différentes parties prenantes.
En effet, lors de la discovery, l’objectif principal est de trouver le meilleur équilibre entre trois dimensions majeures : besoins utilisateurs, objectifs business et faisabilité technique. Cette convergence est essentielle pour garantir un produit qui crée de la valeur et favorise l’adoption par les utilisateurs.
Mais comment réussir cet exercice d’équilibriste dans un contexte souvent imprévisible et contraignant ?
Après de nombreux projets, nous avons identifié les meilleures pratiques pour parer les erreurs communes qui feront échouer votre discovery produit.
1. Ne pas avoir une approche centrée sur l’utilisateur
La première erreur fréquente est de se concentrer trop vite sur la solution, en se focalisant sur les aspects techniques et les fonctionnalités sans avoir pris le temps de bien cerner les vrais besoins des utilisateurs. En sautant cette étape essentielle lors de la discovery produit, les équipes risquent de créer un produit solide sur le plan technique, mais qui ne correspond pas aux attentes réelles.
Mais quelles conséquences cet oubli peut-il entraîner ? D’abord, des problèmes d’adoption : si l’utilisateur ne perçoit pas clairement la valeur du produit pour ses besoins, il ne l’utilisera pas, et pire encore, il ne le recommandera pas: vous perdez alors votre meilleur sponsor ! A cela s’ajoute un gaspillage de ressources : du temps, du budget, et de l’énergie investis dans des fonctionnalités qui passent inaperçues ou sont inutilisées.
Pour éviter ce piège, il est crucial de structurer une approche centrée sur l’utilisateur dès le départ. Voici plusieurs pratiques indispensables pour viser juste:
- Réaliser un mapping de la Customer Journey : En cartographiant chaque étape du parcours de l’utilisateur vous identifierez les moments de friction et les opportunités d’amélioration. L’objectif principal de ce mapping est de se mettre dans la peau de l’utilisateur à partir du moment ou il va rencontrer le problème jusqu’à l’adoption et la recommandation de la solution par celui-ci afin de transformer ses frustrations en moments de satisfaction. Dans le cas d’un produit qu’on essaierait de vendre à un particulier, on pourrait avoir un parcours se décomposant en 8 étapes comme illustré ci-dessous.
Principales étapes pouvant composer le parcours client
- Poser les bonnes questions à son utilisateur : La clé pour capter les vrais besoins des utilisateurs ? Des interviews sans biais. En suivant une méthode comme le Mom Test, vous poserez des questions pertinentes qui incitent à des retours honnêtes, même de la part de proches. Le principe est simple : si votre idée résiste à un échange sincère et constructif avec votre propre mère (sans qu’elle essaie de vous faire plaisir), elle peut probablement convaincre vos futurs utilisateurs. En posant des questions ouvertes, axées sur les expériences passées plutôt que sur des hypothèses ou des compliments, vous obtiendrez des informations réellement exploitables. Résultat : une compréhension claire des attentes et frustrations des utilisateurs, permettant de concevoir un produit qui répond à leurs besoins réels et non à des suppositions.
- Construire une architecture produit sur-mesure : Connaître les préférences des utilisateurs en matière d’usage et de fonctionnalité aide à concevoir une architecture produit adaptée. En intégrant ces préférences dès la conception, vous créez un produit dont chaque fonctionnalité est pertinente et en phase avec les habitudes et attentes de vos utilisateurs finaux. Quoi de mieux pour favoriser l’adoption et l’adhésion au produit ?
2. Oublier de lier la stratégie produit aux objectifs business
La deuxième erreur consiste à oublier d’aligner la stratégie produit avec les objectifs business. En se concentrant uniquement sur l’expérience utilisateur ou les fonctionnalités, certaines équipes perdent de vue l’impact stratégique du produit. Cette déconnexion entraîne souvent une utilisation inefficace des ressources : le produit peut être fonctionnel et attrayant, mais sans valeur réelle pour l’entreprise.
Les conséquences sont claires : coûts inutiles, perte de temps et projets sans impact sur la croissance ou les revenus. Un produit qui ne soutient pas les priorités business devient une charge et risque de ne pas être soutenu à long terme, malgré ses qualités techniques.
Alors, comment faire du produit un véritable levier de croissance pour l’entreprise ? Voici quelques bonnes pratiques pour garantir un alignement solide entre stratégie et produit :
- Se fixer des objectifs et résultats mesurables (OKR) : Les OKR, c’est à dire les objectifs et résultats clés visés, donnent du sens à chaque décision produit en connectant chaque action à un objectif concret. En définissant des objectifs inspirants et des résultats mesurables, vous créez un guide clair pour l’équipe : chaque fonctionnalité, chaque effort a un but précis et soutient une priorité stratégique. La conséquence ? Un produit qui reflète les attentes des utilisateurs et incarne les objectifs de l’entreprise – un vrai moteur de croissance et de satisfaction.
- Construire un concept paper : Le concept paper est un document clé, précisant la vision et les objectifs d’un produit en amont de son développement. Il répond aux questions “Pourquoi ce produit est-il important ?” et “Comment soutient-il les objectifs stratégiques de l’entreprise ?”. Il aide toutes les parties prenantes à s’aligner autour d’une vision commune.
- Intégrer les préférences des stakeholders dans son architecture produit : Eh oui, cette fameuse architecture produit revient encore sur le devant de la scène ! Et pour cause, elle est véritablement au cœur de la conception de notre produit. En intégrant les préférences des stakeholders, l’architecture produit permet de ne pas oublier les impacts business visés. L’intérêt de cet ajout est également de faire ressortir les divergences entre les attentes des utilisateurs et celles des stakeholders, l’équipe produit devra alors trouver le juste équilibre pour satisfaire toutes les parties prenantes.
Exemple d’architecture produit pour l’application Uber prenant en compte les préférences des utilisateurs et stakeholders
3. Sous-estimer la faisabilité technique
L’une des erreurs les plus courantes est de sous-estimer la faisabilité technique lors de la conception. Souvent, les équipes produits foncent dans le développement d’une fonctionnalité ou d’un produit sans consulter les équipes techniques, pensant qu’elles pourront régler les détails en cours de route. En réalité, ignorer les contraintes techniques initiales expose le projet à de nombreux risques : il peut devenir irréalisable ou exiger des ressources bien au-delà des prévisions.
Les conséquences sont immédiates: Les retards s’accumulent, car des ajustements techniques imprévus s’imposent, perturbant le planning global. En parallèle, les coûts explosent, car il faut mobiliser plus de ressources et parfois même revoir l’infrastructure.
Heureusement, certaines pratiques clés permettent de naviguer habilement autour de ces pièges et de minimiser les risques :
- Vérifier l’exploitabilité et la qualité des sources de données requises : Quand un produit repose sur des données, leur qualité et disponibilité sont cruciales pour garantir son succès. Pensez-y comme à une recette de cuisine : même avec la meilleure préparation, si les ingrédients sont de mauvaise qualité ou manquent de fraîcheur, le plat final ne sera pas à la hauteur. De la même manière, un produit data qui repose sur des données médiocres ou incomplètes risque de ne pas répondre aux attentes des utilisateurs. En impliquant l’équipe technique dès le départ pour valider ces données, vous aurez l’assurance que chaque fonctionnalité reposera sur une base solide.
- Confirmer la faisabilité technique par rapport aux contraintes du projet : Analyser techniquement la solution proposée face aux contraintes budgétaires et temporelles vous aide à évaluer si elle est réaliste. Cette vérification permet de prioriser les fonctionnalités en fonction des limites fixées en début de projet, garantissant un produit final qui respecte les délais et budgets! Pour vous coordonner au mieux avec vos équipes techniques sur la discovery produit, je ne peux que vous conseiller d’adopter une approche lean comme expliqué dans notre article : Adopter une approche Lean au développement de produits digitaux
Conclusion
Vous l’aurez donc compris, en évitant ces trois erreurs communes, vous maximiserez les chances de succès du produit dès la phase de discovery. En adoptant ces pratiques, vous augmentez vos chances de créer un produit qui maximise la satisfaction utilisateur et le retour sur investissement pour votre entreprise.
Pour continuer à devenir expert de la discovery, notamment sur les produits d’IA, je vous invite à lire également notre article : Apprendre des succès et des échecs pour créer de bons produits d'IA.
N’hésitez pas à contacter nos experts pour une stratégie discovery produit réussie!