juillet 11, 2024 • 5 min read

Sportifs et technologie : Comment la data et l'IA les aident à améliorer leurs performances ?

Rédigé par Nicolas Saullet

Nicolas Saullet

Introduction

Euro de football, Tour de France, Jeux Olympiques, ça ne vous aura pas échappé, cet été et pour notre plus grand plaisir, le sport est à l’honneur. Si vous avez atterri sur cet article, vous vous posez probablement la même question que moi : comment la Data et l’IA peuvent-elles aider nos athlètes à gagner et à ramener des médailles ?

Hyper-personnalisation de l’entraînement, nouvelles stratégies de jeu ou encore aide au recrutement de nouvelles pépites, je vais vous présenter quelques exemples concrets d’utilisation de la Data et de l’IA qui aident nos sportifs préférés à performer !

Comment les athlètes se surpassent grâce à la Data ?

De plus en plus d’outils d’analyse pour ne pas rester sur la touche

État de forme, impact de l’entraînement, précision du mouvement, on peut désormais tout décortiquer et analyser jusque dans les moindres détails. En matière de sport de haut niveau, le diable se cache dans ces détails. La victoire et les records se jouent souvent sur des gains marginaux !

Au 19ᵉ siècle, Étienne-Jules Marey invente une nouvelle discipline qui consiste à analyser le mouvement des athlètes pour trouver le geste parfait grâce à la prise de photographies à intervalles réguliers : la chronophotographie. L’analyse de la cinématique du mouvement a beaucoup évolué depuis le 19ᵉ siècle. Depuis 2008, L’entreprise HAS Motion s’est spécialisée dans la recherche et développement en lien avec l’analyse du mouvement. À l’aide de capteurs, d’algorithmes et d’une interface applicative, ils créent des modèles 3D des athlètes et décomposent leur biomécanique. Ces analyses permettent ensuite au sportif d’adapter son mouvement afin d’être plus efficient et/ou de limiter les risques de blessures.

Chronophotographie d’un perchisteChronophotographie d’un perchiste


Untitled-_10_Outil de modélisation du mouvement de l’athlète

La personnalisation de l’entraînement

L’émergence et l’essor de la data dans le sport permettent aussi à l’athlète de mieux comprendre comment fonctionne son corps, et d’hyper-personnaliser son programme d’entraînement.

Si au détour d’un entraînement, vous croisez Jakob Ingebrigtsen (jeune coureur de fond et demi fond au palmarès déjà long comme le bras) en train de se piquer le bout du doigt, pas de panique ! Il n’est pas en train de répéter les heures les plus sombres de l’histoire du cyclisme. Il est probablement en train de mesurer son taux de lactate sanguin. Cet indicateur permet de définir très précisément où l’effort qu’ils font se situe par rapport à leurs propres seuils lactiques. Ceci leur permet de planifier les séances de fractionné au millimètre. Au point d’être capable d’en faire 2 dans la même journée. C’est le fameux double seuil, popularisé par les coureurs norvégiens.

Réinventer les règles du jeu grâce à la Data

En France, l’INSEP (Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance) a développé un programme appelé Empow’her. Ce programme consiste à aider des athlètes féminines à identifier l’impact des différentes phases de leur cycle pour moduler leur entraînement et profiter de synergies avec le cycle menstruel. Pour ce faire, les data scientists de l’INSEP récoltent des données de bien-être (exemple : la durée du sommeil), et des données d’entraînement (exemple : la puissance développée). Comparer ces valeurs avec les phases du cycle permet ensuite de déterminer à quel moment l’athlète bénéficie d’un boost hormonal lui permettant d’être plus performante.

Untitled-_11_Logo Empow’her

De nouveaux outils au service de monsieur et madame tout le monde

La récolte de données de pointe n’est d’ailleurs plus l’apanage des sportifs de haut niveau. Garmin, Polar, Coros et autres sont autant d’entreprises qui proposent des capteurs et des outils d’analyse pour les athlètes du dimanche. La plupart des montres connectées proposent désormais des outils d’analyse avancés, à l’instar de Garmin qui propose une analyse de statut de l’entraînement fondée sur la variabilité de la fréquence cardiaque et la charge d’entraînement. Cet indicateur, couplé à l’évaluation de ses propres sensations, permet à n’importe quel coureur d’identifier s’il doit se reposer, ou s’il peut pousser le bouchon un peu plus loin.

Untitled-_12_Analyse du statut d’entrainement proposée par Garmin

La data et les entraineurs 2.0

Des outils d’aide à la décision pour remporter le match !

Le XV de France a signé en 2022 un partenariat avec SAS, dont l’objectif était de mettre la data au cœur de sa stratégie de jeu et d’entraînement. SAS a mis à disposition du XV de France son outil pour créer des data platform : Viya. Les données de 1500 matchs ont été intégrées dans Viya. Les data scientists et le staff des bleus ont ensuite travaillé de concert pour analyser ces données et faire progresser l’équipe dans les différentes phases de jeu. Ils sont même allés jusqu’à analyser le comportement des arbitres pour identifier leur propension à siffler les fautes et mettre des cartons. Cette stratégie payante a permis aux tricolores d’enchaîner une série de 14 victoires en 14 matchs en 2022 / 2023.

Transformation du Recrutement et de la Gestion des Talents

Vous avez peut-être vu le film Le stratège, dans lequel Brad Pitt incarne Billy Beane, entraîneur des Oakland Athletics (un petit club de baseball) et révolutionne son sport en mettant les statistiques au centre de la stratégie de recrutement du club.

Damien Comolli (directeur sportif et président du TFC) est un petit peu notre Brad Pitt, ou plutôt notre stratège français. Il reprend les rênes du club en 2020, au moment de sa descente en ligue 2 et réussit un tour de force exceptionnel. En 3 ans, il remonte en ligue 1, gagne la coupe de France, et se retrouve à jouer et à remporter des matchs contre les plus grands clubs européens comme Liverpool.

Mais comment a-t-il fait cela me direz-vous ? En 2 mots : la data. Et en un petit peu plus de mots :

Damien Comolli a mis en place un partenariat avec l’entreprise Zelus. Ensemble, ils ont construit une solution basée sur des data providers spécialisés comme Opta ou Stratbomb. L’outil qu’ils ont développé a permis d’analyser les statistiques des joueurs (% de passes réussies, nombre de buts…) d’une soixantaine de championnats pour déceler les pépites qui correspondaient le plus aux besoins du club. C’est ainsi qu’ils sont allés dénicher des joueurs en deuxième division néerlandaise comme Van Der Boomen ou Thijs Dallinga. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette stratégie de recrutement data driven a payé (littéralement). Par exemple, Thijs Dallinga, acheté 2.5 millions d’euros en 2022, côte aujourd’hui autour des 18 millions.

Untitled-_13_Joueurs toulousains fêtant la victoire contre Liverpool

La data dans le sport c’est bien, mais…

…c’est pas magique

Dans les différents exemples que je vous ai cités, ce qui fait la différence à chaque fois, c’est un savant mélange entre des outils data performants, et la connaissance de spécialistes (scientifiques, coachs, recruteurs…). Les outils d’analyses et les algorithmes n’ont pas vocation à remplacer les spécialistes, mais plutôt à les aider dans l’accompagnement et la prise de décision.

… c’est dur de s’y retrouver

Entre promesses marketing alléchantes et volonté de performer, c’est parfois difficile de savoir où donner de la tête. Certaines applications proposent des plans d’entraînement à prix défiant toute concurrence grâce à l’IA lorsque d’autres proposent une pelletée de capteurs à des prix exorbitants. Toutes ces choses peuvent vous aider, mais le meilleur outil, le meilleur indicateur pour un sportif amateur reste l’écoute de ses propres sensations.

… c’est pas un peu du dopage tout ça ?

On comprend tous très bien pourquoi il n’y a pas (plus) de vélos électriques sur le Tour de France ou pourquoi les combinaisons flottantes sont interdites en natation. Ces technologies amèneraient probablement les sportifs vers des performances incroyables, mais le sport perdrait de sa saveur. L’impact de l’IA est plus difficile à évaluer. Néanmoins, cette dernière peut faire la différence. Cette différence a un coût, parfois important, et peut générer des inégalités entre les athlètes. La question de la réglementation de l’usage de l’IA dans le sport est donc légitime.

Les exemples cités dans cet article ne sont qu’un petit aperçu de l’étendue de ce que peuvent apporter la Data et l’IA dans le sport. Si les sujets d’IA vous intéressent, je vous propose d’aller lire ces 2 supers articles pour en apprendre plus sur comment créer un produit d’IA et l’IA générative au service de l’écologie.

Vous avez un projet en lien avec la data et le sport ? Contactez-nous et soyez sûr de tomber sur des personnes passionnées par ces deux sujets. Nous ferons notre maximum pour répondre à votre problématique !

Cet article a été écrit par

Nicolas Saullet

Nicolas Saullet